dimanche 22 juin 2014

Gloire au Rapatrieur, film violent et beau

Après avoir vu Homesman, j'ai fais un machinal tour de web, pour voir ce qu'en disaient les critiques. J'en fus pour le moins surpris. Ce que j'avais vu comme un grand film de désolation, qui penchait plus du côté de Cormac Mc Carthy que de Kevin Costner, était expédié par de petits avis chipoteurs. On louait l'image, le sens de l'espace comme on dit, mais rien sur ce paysage plat de fin du monde où se dressent ici ou là quelques arbres terrifiés, où on arrive à se perdre quand même. On trouvait ça lisse, et sage, alors que j'y voyais la mort à chaque instant. On trouvait que la parti pris féministe du film ne faisait que renforcer le masculinisme du western, puisque seules les femmes tombaient folles devant l'horreur de cette vie, et que le personnage masculin devient personnage central et positif sur la fin, genre à tirer tous les marrons de la rédemption du feu de l'épreuve. Sans noter que les hommes de ce film sont tous fous, mais d'une façon socialement intégrée, et que si le personnage masculin est central sur la fin, c'est qu'il est transformé par celle qu'il a rencontré. Heureusement que je n'ai pas besoin des critiques pour aimer les films, parce que j'ai l'impression, des fois, que les films, ils sont vus vite fait.

mercredi 18 juin 2014

Des nouvelles de Marsovie

Ce qui fait l'écrivain, est-ce la capacité d'aller ailleurs ? Écrivain, ce n'est pas plus, c'est autre; ce n'est pas plus futé, c'est futé pour ça; ce n'est pas plus intelligent, c'est développer cette intelligence là, celle là seule, peut-être. A l'époque où les avions n'allaient pas bien vite, Proust comparait l'avion et la voiture : l'avion, ce n'est pas celui qui va plus vite, c'est celui qui décolle. Et là, manifestement, Frédéric décolle, il est un peu ailleurs, en route vers le grand duché de Marsovie qu'il a totalement inventé, et où il revient à volonté.

lundi 16 juin 2014

Hommage à l'esprit canal

Voyons voyons...réfléchissons....nous avons des intermittents en grève....qui annulent un festival....menacent d'en annuler d'autres...bien bien....et puis les cheminots en grève....bon bon...qui font que des trains ne partent pas....oh oh....même le jour du bac....ah ben.....et partout de dire que les intermittents vont tuer la culture, et que les cheminots prennent les gens en otage....même le perfide Barthès s'amuse à faire un microtrottoir avec un faux sujet de bac : " la recherche du bonheur des cheminots justifie-t-elle qu'ils bloquent les trains le jour du bac ? "...ou quelque chose comme ça...ah ah....le travailleur est en effet emmerdant quand il ne veut pas travailler.....mais nulle part on n'entend que le medef prends la culture en otage en refusant un accord avec les intermittents...et que la direction de la sncf prend les gens en otage en refusant de négocier un accord.... on est deux, dans un dialogue, non ?  Et il semble que dans ces cas là un seul des interlocuteurs est dans la lumière, tandis que l'autre reste discrètement à attendre que la situation pourrisse.... Il est bien possible que dans cette histoire le medef n'en aie rien à faire de la culture, et que la direction de la sncf n'en a rien à faire des gens sur les quais : ce sont des pions dans un jeu de rapports de force, c'est tout. Et le perfide Barthès est aussi un pion dans le même jeu. L'ignore-t-il ?

mardi 22 avril 2014

Holland président câlin

On a beau dire, critiquer, se moquer, regarder les sondages qui plongent, les sketchs qui raillent, les conversations de bar qui critiquent, les discours qui accusent, quand même : un homme capable sous l’œil des médias d'un tel geste vis à vis d'un otage que l'on vient de libérer ne mérite pas toutes les ignominies qu'on dit sur lui. Il a fondamentalement un bon fond, un fond d'humanité irrépressible que tous les autres à sa place avant lui prenaient bien soin de réprimer, et que tous ceux qui veulent sa place promettent bien de ne jamais laisser aller. Il mérite donc d'être à sa place, cette homme là.

jeudi 10 avril 2014

Dessin / pas dessin

J'avais lu quelque part que dessiner sur une tablette, c'était comme écrire au stylo bille sur un boitier de CD....la comparaison n'est pas fausse. L'objet est performant, intelligent, efficace, mais confère à tout la même sensation de passer un bâton sur du verre. C'est assez étrange, assez anthropologiquement neuf, puisque si les premiers dessins furent réalisés avec du chardon de bois, tous les autres ensuite le furent avec du graphite plus ou moins mêlé d'argile, ce qui n'est pas très différent, et ce qu'on trouve dans les mines de crayon. Là, rien de tout ça, pas un truc charbonneux qui s'écrase et qui fait trace, mais une interaction électromagnétique que je guide plus ou moins sur une surface qui est en fait une illusion de surface. Je sais bien que le dessin est cosa mentale, mais quand même, un peu plus de cosa manuale me ferait le plus grand bien et guiderait mon trait. Dessiner les gens qui passent dans la rue me procure avec cet outil un sentiment étrange, d'être là / pas là. Mais peut-être s'y fait-on. Ou pas. On verra.

lundi 7 avril 2014

La recherche d el'origine

Des fois on entend de belles choses dans les cafés, on se demande où ils les trouvent, toutes ces anecdotes diverses qui sont racontées comme vraies. Parce que si les bonnes rumeurs se répandent par transmission, il faut bien quand même un jour que quelqu'un les invente. Je me demande qui invente les rumeurs.

jeudi 6 mars 2014

Halloween post-soviétique

Quand on fait la révolution par moins vingt, dans un pays qui a le niveau de vie moyen du Kosovo, et bien on improvise des tenues de bric et de broc. Mais quand ce même pays a une histoire agitée, qui fait la part belle aux héros, aux drapeaux brandis, aux révolutions, et bien on improvise des tenues qui ont quand même une certaine classe, entre Blade Runner, Mad Max, Alexandre Nevski et les jeux vidéo post-apocalyptiques. C'est l'étrange Ukraine, où les déclarations successives d'autonomie s'emboîtent comme des matriochkas.

vendredi 28 février 2014

On en regretterait presque l'original

Il y a quelque chose de Lidl chez Copé, un pragmatisme bas-coût qui se débarrasse sans complexe de l'emballage, de la déco, de toute mise en place joliment arrangée : on n'est pas là pour ça. Il faut juste gagner des voix, bon fera tout pour ça. Si on pouvait parfois quelques secondes avoir la tentation d croire Sarkozy, tant il faisait un avec lui-même et que cela lui servait de sincérité, comment croire celui-ci qui rayonne d'opportunisme heureux, sans la moindre trace de déguisement ? C'est Sarkozy en petit, ce qui ne fait pas bien grand.

vendredi 21 février 2014

L'art de reconstituer les restes

Du chapon il ne reste que les pattes et la tête entourée de plumes, parce que le reste...on l'a mangé. C'est étrange un animal reconstitué avec ce qu'on ne mange pas : du cochon il ne serait rien resté, du poisson encore de quoi nager, et de l'escargot une coquille dont on se demanderait jusqu'au dernier moment si elle est pleine ou vide, jusqu'à toquer à l'opercule et que personne n'ouvre. Et l'homme serait tout entier, car on ne le mange pas. Non, on n'insiste pas.

samedi 15 février 2014

Le héros et son double

A-t-on fait suffisamment remarquer qu'on ne voit jamais dans la même pièce Valls et Hollande ? Et qu'au conseil des ministres, ils ne sont jamais dans le même plan ? Ou sinon, toujours l'un de dos ? Mmmmmh ? Et ça ne vous dit rien, ça ? Parce que c'est pareil, quand Superman est là, Clark Kent a toujours disparu....et quand Bruce Wayne est là, c'est que Batman n'y est pas... Mais par contre, où Hollande se change-t-il ? Dans une cabine téléphonique ? Hélas, il n'y en a plus... Sur son scooter ? Dans un car de CRS ? Une enquête sérieuse s'impose...Les paparazzi de la DGSE sont sur le coup.

mardi 11 février 2014

Dessin vaudou

Les rapports entre écrivains et critiques sont étranges et impossibles : chacun a besoin de l'autre, n'est rien sans l'autre, disparaît sans l'autre, et c'est comme une partie de cartes entre mafieux rivaux, qui jouent avec le sourire mais ont des armes dissimulées dans leur manche, sous leur siège, scotchées à leur cheville. Au premier mot de travers, la fusillade est générale, alors on pèse les mots, qu'ils aillent droit, en en pensant  pas loin mais on n'en dira rien. On pourrait aussi cribler d'épingles une petite poupée de chiffons anthropomorphe; ou faire un dessin. A la plume, bien sûr, d'acier.

lundi 3 février 2014

Radis pictural

Si j'ai appris une chose en regardant la peinture chinoise, c'est qu'on pouvait dessiner n'importe quoi, cela n'avait pas d'importance, tout pouvait faire peinture. C'est une notion qui m'a beaucoup rassurée, évacuant définitivement l'idée de sujet, et toute l'inquiétude afférente à son choix. Alors ici, c'est radis noir.

vendredi 31 janvier 2014

L'écrivain en zombie résilient


Il y a quelque chose de très étrange dans le visage de Stephen King : il a exactement la tête de ce qu'il écrit. Ce qu'il écrit a une qualité très particulière d'empathie, et donc de cruauté, puisqu'il fait vivre des personnage d'une façon intense et émouvante, et qu'il leur fait subir ensuite les pire épreuves. J'aime beaucoup cette répartie qu'il répète souvent, mais il faut pas lui en vouloir, elle est bonne: à un journaliste qui lui demandait pourquoi il écrivait des choses horribles, il a répondu : "Qu'est-ce qui vous fait penser que je pourrais faire autrement? " C'est sûr qu'avec cette tête étrange, il doit avoir une âme tourmentée d'une certaine façon. Et il ne peut donc faire autrement. Comme ceci le suggère, j'aime beaucoup les livres de Stephen King.


mercredi 22 janvier 2014

L'orthographe a parfois son importance

Toto travaille maintenant, et avec son pantalon de chantier avec le mètre ruban à la ceinture et le Leatherman dans sa pochette on croirait un charpentier américain, dans les rares films qui glorifient le sain travail manuel en plein air. Mais il porte une veste à la gloire de notre bon roi, enfin je crois. Il y avait une faute d'orthographe, alors j'ai rajouté un e. Il y a souvent des fautes d'orthographe, enfin je crois. L'autre jour sur l'autoroute était bombé "NON A OLLAND", et je me suis dit que quand même, ils exagéraient d'écrire aussi mal. Et puis plus loin, c'était encore répété, mais "NON A OL LAND". Alors j'ai compris qu'il ne s'agissait pas d'opinion politique mais d'opposition à la construction du stade de l'OL, dont j'avais vaguement entendu parler, et à laquelle certains s'opposent, je ne sais pas exactement pourquoi. Suis je distrait et ignorant, des fois. Et ça ne recense pas toutes les fois où je ne m'en rend pas compte.

mardi 14 janvier 2014

Compassion universelle

On trouve dans les magasins chinois des pamplemousses énormes, qui ont beaucoup de peau, et après épluchage un peu moins de chair que prévu. Mais je m'inquiète surtout pour les arbres. Je me demande comment un arbre peut porter des fruits si gros, avec cette petite chose si fragile qu'est un pédoncule, et ces choses si souples que sont les branches. Les citrouilles, au moins, sont posées au sol. Je m'inquiète avec beaucoup de compassion du sort des pamplemoussier chinois, comme je m'inquiète un peu du sort des ouvriers là-bas qui travaillent pour nous, ou à notre place, dans des conditions dont on se demande comment ils peuvent tenir. Comment le pamplemoussier chinois supporte-t-il ses fruits ?

dimanche 12 janvier 2014

Chacun a son pouvoir

Il est des super héros de toutes sortes, munis chacun d'un superpouvoir qui fait sa force...mais je n'ai pas réussi encore à déterminer le pouvoir exact de Super Yaourt Fermier NATURE, à moins que ce soit celui du pince sans rire, déclencher un rire nerveux chez tous ceux qui le regardent sans même bouger une paupière, et ça marche.

lundi 6 janvier 2014

Ah, quand même !

Le temps passe étrangement, plus vite qu'avant, l'avez vous senti ? Alors me voilà avec un retard sensible pour souhaiter ce que d'habitude on souhaite au premier. Mais peut-être qu'avant j'hibernais, digérant ceci et cela. Bonne année à tous.