mardi 17 mars 2015

Faut pas embêter Manu

Plus Batman que jamais, voilà Manu qui se dresse seul contre le spectre du populisme... maintenant d'une main les restes tremblants de la gauche classique, écartant d'un pied les lambeaux pas encore en taule de la droite toute aussi classique, s'essuyant le front de la main qui reste, avec l'autre pied il zlatane la meute LePen, du père exhalant des bouffées de formol méphitique à la petite fille qui tente d'aboyer d'une petite voix aiguë, en passant par la tenante du titre, qui compte ses parts de marché électoral d'un air gourmand. La mêlé est générale. Il fait tout, Manu.

vendredi 27 février 2015

Sarko a le geste fumiène

Sarko n'a plus d'idées paraît-il, à part recycler les anciennes et vouloir défaire ce qu'a fait le tenant du titre ; il peine à rassembler les Français, paraît-il, qui trouvent qu'il ne fait pas de propositions neuves. Tout ça c'est pas de moi, j'oserais pas, mais d'analystes tout à fait éminents. Qui en expliquent la cause : son staff est aux fraises, partis faire autre chose. Du coup, il est tout seul, et il a pas d'idées, paraît-il. Mais bon, quand même, imaginer qu'il puisse en avoir, c'est un peu croire à la mouche qui pète en plein vol : il n'en a jamais eu, des idées. D'idées de gouvernance, d'idées de l'Etat, c'est pas son genre; des idées tactiques, il en regorge : trouver le projet vite ficelé, le mot inattendu, et hop, ça fait débat, en pendant qu'on s'écharpe, on ne se demande pas ce qu'il voulait dire, au fond, il estdéjà ailleurs. Il ne voulait pas spécialement dire, juste faire parler, il avait une spécialité de déclaration fumigène qui faisait rideau de fumée. Mais quand j'ai vu cette photo de lui dans une ferme du Charolais, à prendre un petit café entre conseillers en costard bleus et agriculteurs habillés normalement, je l'ai aussitôt reconnu, à ce geste précis : l'air teigneux, il martelait la table du doigt. Je ne sais pas ce qu'il disait, mais ça n'a pas d'importance : seul compte le geste, le geste énergique qui dit "On y va". Où ? Pas le problème : c'est un geste fumigène. Sarko est bien toujours Sarko, ses gestes sont bien les mêmes.

dimanche 22 février 2015

Eastwood est quand même mon vieux réac préféré

Clint est un vieux crocodile, à qui on pardonne tout, car tout il le fait avec classe. Même American Sniper, qu'on détesterait sans nuance s'il n'était de lui. Parce quand on y pense, c'est le même scénario général que Voyage au bout de l'enfer. Mais quand Cimino observait l'effet d'une plongée dans l'enfer chez des vraies gens, Eastwood plonge dans l'acide bellique une sorte de héros américain en carton, sorti de la petite maison dans la prairie avec une casquette plutôt qu'un chapeau. Et quand Cimino faisait des Vietnamiens hallucinants de cruauté, c'était chorégraphique, c'était l'ailleurs, et les personnages comprenaient surtout qu'ils ne comprenaient rien ; Eastwood, lui, fait des Irakiens sadiques, animés d'une sauvagerie intrinsèque, et la plupart sont maqué, qu'on puisse les dézinguer à la chaîne sans se demander qui ils sont. Et puis sur la fin, il y a une flingade héroïque, à la Black Hawk Down, où on se lâche pour faire baisser la tension, il en tombe plein, ça fait du bien, y sont trop méchants. Dans la presse, un peu gêné, Clint dit qu'il y a un aspect anti-guerre dans son film. C'est vrai qu'on se dit qu'il vaut mieux pas y aller. Et puis en cours de film, on se dit que la famille Bush a quand même une sacrée responsabilité dans ce chaos sanglant. Mais de ça, il n'est jamais question : la guerre y est montrée comme une intempérie dont on peut juste protéger ses potes si on a un parapluie. Deleuze disait que ne pas être de gauche, c'est regarder soi, puis autour de soi, puis plus loin, et enfin le monde s'il reste un peu d'attention disponible. Il est possible qu'Eastwood dans ce film ne soit pas de gauche. J'aime la litote. Mais bon, il est quand même empathique avec une touche d'humour, Clint, alors on regarde tout, et ça finit pas être touchant, et c'est en sortant qu'on se rend compte de tout ça. Sacré vieux crocodile.

vendredi 13 février 2015

Le Bic du destin

Mon bâton de justice n'a plus beaucoup d'usage en ce moment. Plus rien à souligner, rayer, noter. Et j'apprends même qu'il est question que l'on supprime les notes. Le débat est étrange : on propose de les remplacer par une évaluation par des lettres à cinq niveaux. J'avais ça à l'école primaire, puis au collège. Mais les cinq niveaux devenaient quinze avec un jeu de + et de -, et puis on moyennait l'ensemble pour donner un niveau global. C'est sûr qu'avec une telle méthode, les chiffres c'est plus simple. Le Monde interroge des jeunes gens sur les notes qu'ils reçoivent : " Avec une même copie, on peut avoir 5 avec un prof et 15 avec un autre. " dit l'une. Voilà quelque chose que je n'ai jamais vu de ma vie. " Je ne regarde pas toujours les commentaires sur mes copies. En fait, je le fais quand j'ai une bonne note. Sinon je suis un peu dégoûtée et je ne regarde pas les remarques des professeurs." dit l'autre. Mais ça par contre je le voyais tous les jours. Du coup, une des composantes du problème, c'est peut-être la confiance : confiance des profs en la capacité d'apprentissage et de progrès des élèves, confiance des élèves dans la capacité de juste évaluation des profs, confiance mutuelle dans le travail commun : et ça, la confiance, c'est une denrée rare dans le monde scolaire. Et sans, que l'on note par chiffre ou par lettre, c'est sans importance; et s'il y a, que l'on utilise des chiffres ou des lettres, c'est sans importance.


mardi 10 février 2015

j'aimerais être un ours polaire

Der Klang ist sehr schön....musique robotique de Kraftwerk, textes naïfs et forts du temps de Grauzone réchauffés par Burger, voix tendre de Eicher, tension improvisatrice de Burger, j'écouterais ça pendant des heures. Burger est l'homme que je suis allé voir le plus de fois en concert, je ne sais plus combien, et c'est toujours la première fois, une forme d'hypnose.....

mardi 3 février 2015

Les plus beaux pictos du monde 3

Celui là m'a longtemps laissé perplexe parce que je ne l'ai pas regardé d'assez près. C'était au Mexique, et on y trouve de grandes planches de consignes fixées au mur, en cas de malheur j'imagine, tout écrit en espagnol bien sûr, et je ne comprenais pas pourquoi il y en avait tant. La première étape m'amusait beaucoup : en effet, coincés dans un cadre étroit avec une dame, il faut Conserve la Calma ! dans ce pays d'hommes qui en ont. Et puis à Veracruz j'ai pris le temps de m'approcher de la planche pleine de détails précis, et j'ai compris qu'il s'agissait des consignes en cas de séismes. C'est quand la terre tremble qu'il faut Conserve la calma, pas quand une dame s'approche.
Lapsus de lecture, comme le lapsus de frappe du post précédent. Mais maintenant, ils veulent dire quoi, tous ces lapsus? Rien, peut-être. Ou autre chose encore que ce de quoi ils semblent ricaner. On ne sait jamais vraiment.

samedi 31 janvier 2015

Le destin admirable de la petite invention de Mikhail Timofeïevitch

Un petit toast de l'au delà, de la part de Mikhaïl Timofeïevitch Kalachnikov, qui finalement quand j'y pense, est l'un des grands hommes du XXème siècle. Parce qu'il  est un de ceux qui ont contribué à construire notre monde. Je pensais ça la nuit, dans une ruelle obscure, en passant devant une vitrine où l'on exposait de belles chichas. Je le montre, car sinon on va croire que j'invente.
Donc en voyant ça, que je n'avais jamais vu ni imaginé, interloqué, je me suis dit que Kalachnikov était au fond le Steve Job de l'Union Soviétique. Il a inventé le petit objet qui change la vie, les usages, les actes, qui maintenant est partout, que tout le monde connaît, et dont on ne voit pas bien comment se passer. La kalach a toujours été autant une figure qu'un arme, figure des luttes armées révolutionnaires des années 70 ou 80, il suffisait de la brandir ou de la dessiner pour dire qui on était, et maintenant elle est une figure de l'imaginaire gangsta-kouachiste, et on peut entre potes tirer une petite bouffée de la pipe de l'oncle Mikhaïl en gloussant comme si on jouait dans un clip de rap conscient-narquois. Quand je pense qu'il a dit un jouir qu'il aurait préféré inventer une tondeuse. Le monde en aurait été changé.

jeudi 29 janvier 2015

Les plus beaux pictos du monde 2

Ce picto était dans le métro de Londres, signe mystérieux dans un lieu mystérieux qui doit comporter des galeries cachées, des sorties dissimulées, des voies secrètes. Je ne vois absolument pas ce que ça veut dire, et je ne comprend pas du tout la posture du personnage. Est-ce une indication de la façon de se protéger d'une émanation de fumées toxiques ? L'indication d'une porte dérobée où les espions américains pourraient discrètement filer ? Et dans une autre station on en trouverait le pendant, KGB sur fond bleu ? Peut-être est-ce un signe oublié, et que plus personne ne sait ce qu'il veut dire : c'est comme les panneaux que l'on dispose dans les sites de stockage de déchets radioactifs, et dont on se demande s'ils seront encore compréhensibles dans 5 000 ans. Celui-là, en touts cas, non.

mardi 27 janvier 2015

Les plus beaux picto du monde


A l’aéroport de Saint Petersbourg j'ai vu le plus beau pictogramme d'indication des toilettes que j'ai jamais vu. Il m'a sauté aux yeux, et ensuite j'en ai vu d'autres, tous pareils. Je les ai pris en photo, sous l’œil étonné des gens qui passaient. Au bon vieux temps du KGB, j'étais bon pour espionnage, vingt ans pour le moins, et ensuite échange à Check Point Charlie avec un espion pris la main dans le coffre aux secrets de l'OTAN. Parce qu'il valait la phot,o ce picto : c'est la première fois que j'en voyais un où l'on ne se contentait pas du dimorphisme vestimentaire pour marquer les différences qui mènent à choisir une porte ou l'autre : on y joignait aussi les dimorphismes physiques statistiques. C'est le premier picto de toilette que je voyais où l'homme était plus grand que la femme, et plus large aussi, j'ai mesuré. J'étais en Russie de puis un quart d'heure, et j'avais saisi beaucoup de chose du rapport entre les sexe, de l'image de Poutine, et de l'homophobie maniaque.

vendredi 16 janvier 2015

On finit toujours par en parler

C'est étrange de voir comment tout débat avec Zemmour est vain. Il y a toujours quelques héros des ondes qui veulent se le faire, chiffres en main, mais inutile, il glisse, échappe, retourne la situation. Il est le ninja du débat, pas la peine d'essayer. Et puis sa rhétorique se prête peu au débat frontal : il suggère plus qu'il n'affirme, et c'est l'auditeur qui entend en lui même ce qu'il lui a suggéré de penser ; et quand on revient à lui pour qu'il argumente, qu'il assume, il a beau jeu de prétendre qu'il n'a pas dit ça. Habile (dirait OSS).
Il est étrange aussi qu'il soit question de son "écriture", alors qu'il s'agit d'un mélange un peu ronflant d'allusion à des tics de langage d'époque et de figures de rhétorique à la manière d'un mémorialiste grand siècle, forme de pinaillage sur le vocabulaire pour faire passer en bel emballage des banalités. 
Il est étrange, aussi, que l'on "parle" d'idées, puisqu'il n'y a pas : ce qui se laisse vendre comme sciences humaines n'est qu'une répétition sur 500 page que "c'était mieux avant", et qu'il faudrait un homme qui en aie dans le slip pour remettre tout ça en ordre. Aïe aïe aïe, la cinquantaine est un naufrage. Remarque, je comprends.

jeudi 15 janvier 2015

Article de saison

Bon... Je ne vais pas faire un couplet indigné, en choisissant un par un les mots les plus violents pour dire une émotion, une indignation, etc. Pour ça, copiez/collez toute intervention médiatique indignée, j'y souscris. Tuez des dessinateurs pour un dessin, c'est carrément pas bien. Et maintenant ? 
J'ai vu la très belle salle du musée de l'immigration, du bel Art Déco comme j'aime élégant et majestueux, très paquebot chic, et puis je me suis demandé ce qu'on pourrait y mettre pour que le musée réponde à son but. Et bien je ne voyais pas bien. Finalement, la seule exposition claire que l'on pourrait faire, ce serait celle-ci : en tube de néons rouge, au milieu de la salle, un MERCI en lettres de trois mètres de haut. Avec comme titre: Merci d'être venu nous aider pour faire ce que nous avons fait, car tout seuls, on aurait eu du mal.  Finalement ça répondrait assez bien au cahier des charges de ce musée. Et puis ça remplacerait aisément la déclaration indignée que je n'ai pas faite un peu plus haut : parce qu'au fond, c'est quand même ça  qui manque un peu pour que tout le monde aie sa place ici. Pour que partant de République, on fasse Nation. Comme la marche de l'autre jour.